Le Corbeau —- 5 novembre 2013 à 20:30

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De Henri-Georges Clouzot (1943)

Avec Pierre Fresnay
Ginette Leclerc
Pierre Larquey
Noël Roquevert

 

Durée : 92 mn

 

Tourné pour la Continental, compagnie de cinéma française régie par l’occupant allemand, Le Corbeau est le second film d’Henri-George Clouzot, qui officiait alors en tant que docteur es scénarios et venait de rencontrer le succès pour ses débuts de réalisateur avec L’Assassin habite au 21. Formidable triomphe lors de sa sortie, retiré des écrans à la Libération, sujet de toutes les polémiques, son deuxième film est depuis rentré dans l’Histoire du cinéma… non sans encombres.

Baladé d’indices en indices, de suspects en suspects, le spectateur assiste à un suspens de premier ordre, ce que le contexte chargé du film ne devrait pas nous faire oublier. En effet, Le Corbeau est un grand film de cinéma, point final ! On aurait ainsi pu craindre que le passé de scénariste de Clouzot pèse sur le film et sur sa réalisation (votre serviteur, au risque de vous choquer, persiste à penser que le surestimé Assassin habite au 21 doit plus à son scénario astucieux qu’à de réelles qualités de mise en scène), mais il n’en est rien. Certaines scènes, proches de l’expressionnisme donnent au film une griffe fantastique passionnante – cadrages déstructurés, jeu sur la profondeur de champ, ombres démesurées, jeux de lumières d’une beauté fulgurante : Clouzot s’impose comme un vrai cinéaste, avec un regard et un style que l’on retrouvera dans ses films suivants. Xavier Jamet Télérama 2004

1.     Le Corbeau

a.     Le projet

D’après un scénario de Louis Chavance inspiré par l’affaire de Tulle.
Clouzot passionné par l’affaire de Tulle, et attiré par la noirceur  du sujet et des personnages, sait à la lecture du scénario de Louis Chavance qu’il a trouvé le sujet de son second film.
« Voilà exactement pourquoi j’ai fait cela : j’en avais par-dessus la tête des lettres anonymes ;on vivait sous un régime affreux de dénonciation.Je me suis bagarré avec Greven qui me disait : « C’est un film extrèmement dangereux »… Mais je tenais à le faire, il me plaisait, c’était un film révolutionnaire. Il m’a dit : « Bon, vous en prenez la responsabilité, faites-le. »

b.     Le Casting

Pierre Fresnay s’impose avec évidence comme la vedette principale du Corbeau.
Suzy Delair n’a pas sa place dans le scénario , mais suggère Héléna Manson qu’elle avait vu dans « Le train des suicidés »
C’est Ginette Leclerc qui est choisie dans le rôle de la vamp boiteuse.
« A Clouzot, je dois tout. C’est lui qui me trouva, m’inventa, en écrivant pour moi le personnage de Denise. »
Noël Roquevert est choisi pour jouer le rôle du frère de Ginette Leclerc et se souvient d’avoir dû la gifler sans pouvoir enlever sa chevalière.

c.      Le tournage

Pour Pierre Fresnay, l’ambiance sur le plateau est lourde : « L’atmosphère du Corbeau m’a été très déplaisante, et ça a été un travail épouvantable… Au fond je n’ai jamais été totalement à l’aise dans ce film. C’est peut-être ce qui m’a aidé, ce qui m’a permis d’être un personnage moins ouvert que je ne le suis généralement. J’étais contraint. Mes scènes avec Ginette Leclerc me gênaient… Jamais été à l’aise, jamais respiré avec Clouzot. »
Clouzot dans son journal : « Ça marchait. Tout d’un coup, à la scène de l’enterrement, vers la fin… Tout le monde éclate de rire ! C’était un film insupportable, et à un certain moment, les gens n’en pouvaient plus… Alors ils riaient… Ils riaient sans raison, comme ça, pour prendre une bouffée d’air… »

d.     La sortie

Le Corbeau  ne plait décidément pas à Alfred Greven.
Clouzot quitte la Continentale en claquant la porte deux jours avant la sortie triomphale  du Corbeau.

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