Noblesse oblige—3 février 2015

Noblesse oblige (2)Réalisateur : Robert Hamer

Année 1949

Avec : Alec Guiness, Dennis Price

Difficile de croire, aujourd’hui, à la vision de Noblesse oblige, que le film date de 1949. En effet, sous des dehors de comédie jubilatoire (les performances des deux acteurs principaux, Dennis Price (Louis) et Alec Guinness (dans huit rôles plus un certain nombre de tableaux) sont redoutables), Noblesse oblige est une charge d’une efficacité redoutable contre l’aristocratie anglaise. C’est donc avec une horreur toujours plus bienveillante, un sourire méchant toujours plus prononcé, que nous suivons le parcours de Louis lorsqu’il remonte la chaîne alimentaire de la famille D’Ascoyne. Robert Hamer, à la réalisation, partage ce point de vue, et contemple avec une bienveillance amusée les épouvantables exactions de son héros, dans une mise en scène d’une rare élégance, servie par un somptueux noir et blanc, dans un film dont la finesse et la méchanceté en remontrent aux plus subversifs des films qui nous sont contemporains

 

.Face à Louis, se tient… Alec Guinness. L’acteur se livre ici avec jubilation à l’un de ses jeux favoris : multiplier les identités, les rôles – bien avant et bien mieux que tous les Mel Brooks et autres Eddie Murphy. Revoir Noblesse oblige se justifie ne serait-ce que pour tenter de desceller toutes les apparitions de l’acteur, car en dehors des huit rôles de la famille D’Ascoyne (dont une femme), Guinness apparaît grimé dans des rôles secondaires, ou se révèle avoir posé pour des tableaux jalonnant le récit. Si Dennis Price tient, lui, ses deux rôles (celui du père de Mazzini est également sien) ; Guinness, parfois méconnaissable, joue avec une jubilation évidente ces insupportables aristocrates promis au meurtre. Tout le monde dans Noblesse oblige (réalisateur, scénaristes, acteurs…) conspire donc pour la mort de ces malheureux D’Ascoyne, ce qui fait du film un monument aujourd’hui inégalé de la comédie noire. Ce serait déjà une raison plus que suffisante pour (re)découvrir le film – mais le fait qu’Alec Guinness y mérite plus que jamais de porter son nom (dont l’anagramme est « Genuine Class » – la Vraie Classe) rend la vision de ce Noblesse oblige tout simplement indispensable

Critikat.com

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