Du Western en général

Textes recueillis par Jean Jacques Sadoux – Janvier 2013

«  J’ai toujours pensé que le Western est l’une des rares formes d’expression artistique que les Américains aient inventée. Comme le Jazz. Les Américains ont toujours été assez masochistes à ce propos, je dois dire. Ils peuvent parfois se montrer totalement indifférents envers les arts qu’ils ont créés. L’herbe est toujours plus verte à côté, c’est bien connu. Il arrive que l’on regarde ailleurs, alors que l’on a un art majeur juste en face de soi… Quand on en arrive à penser que le Western est un genre épuisé, qu’on ne peut plus rien en faire, il surgit toujours un film qui apporte un nouveau point de vue. C’est très passionnant quand ça a lieu. »

Clint Eastwood cité dans Voyage de Martin Scorsese à travers le cinéma américain, Cahiers du Cinéma, 1997

«  Les genres qui m’intéressent le plus dans le cinéma classique, sont les genres indigènes : le Western, qui est né sur la Frontière, le film de gangster, qui vient des métropoles de la côte Est, et la comédie musicale qui a vu le jour à Broadway. Ils me font penser au jazz : ils permettent d’infinies variations, incroyablement complexes et parfois même perverses. Et quand c’étaient les grands maîtres qui jouaient ces variations, elles finissaient par refléter les changements de l’époque ; elles donnaient des points de vue fascinants sur la culture et la mythologie américaines. »

Martin Scorcese

«  Sans cinéma américain, il n’y aurait peut-être pas, malgré Mizoguchi, Bresson et quelques autres de cinéma et, sans Western, il n’y aurait peut-être pas de cinéma américain. Ainsi que l’a magistralement démontré André Bazin, le Western est le seul genre cinématographique qui ait survécu aux tempêtes, aux révolutions, aux modes et aux metteurs en scène. Il nous vaut, chaque décade, des œuvres fortes parmi les plus belles de l’histoire du cinéma. »

Jean Wagner, Etudes Cinématographiques 12-13, 1961

«  Ce qui m’a toujours fasciné dans le Western, c’est moins le mythe que le côté indéracinable des personnages, lesquels font toujours corps avec le paysage. Le décor des Westerns est toujours en accord avec les rêves des personnages : imposants ou écrasants. .. Si le Western a eu une influence sur moi, c’est en me poussant à filmer « large »… C’est une chose qui me manque dans le cinéma français, l’immensité du cadre, que j’ai adoré chez Ford, Mann ou Daves. »

Bertrand Tavernier, Positif, # 420, nov.1966

« De 1903, date du premier Western mémorable, à nos jours, il y a eu à la fois évolution de l’épopée au constat et à la méditation morale, et constance d’une thématique comportant certains épisodes rituels. Mais ce qui nous retiendra ici c’est que la structure même d’un grand nombre de Westerns et l’éthique plus ou moins explicitée qu’ils révèlent font d’eux l’équivalent d’un authentique voyage initiatique. »

Henri Agel, Cinéma et nouvelle naissance, Albin Michel, 1981

« Le secret du Western est qu’il s’identifie à l’essence même du cinéma, qui est l’art spécifique de l’épopée … Le Western est la rencontre d’une mythologie et d’un moyen d’expression. »

André Bazin Qu’est-ce que le cinéma, Cerf, 1976

«  Nous nous sommes tous mis à guetter ce visage de l’Amérique. Un poète nous avait appris qu’un peuple, c’est un immense visage qui emplit l’horizon. Pouvions-nous l’imaginer autrement que comme le visage d’un cowboy, un immense cowboy aux yeux justement « intrépides et purs », surgi du fond de l’Ouest de notre enfance ? »

Chris Marker, Commentaires, 1961

«  Au-delà du couchant, il y avait l’or du Nevada et de la Californie. Au-delà du couchant, il y avait la hache démolisseuse de cèdres, il y avait l’énorme tête babylonienne du bison…les fêtes et la colère du Peau-rouge, l’air libre des déserts, la prairie illimitée, la terre essentielle dont l’approche fait battre le cœur plus vite, comme l’approche de la mer : en un mot, l’appel de l’Ouest. »

Jorge Luis Borges

This is the West, sir. When the legend becomes fact, print the legend” (C’est l’Ouest monsieur. Quand la légende devient réalité, imprimez la légende.) 

John Ford, L’homme qui tua Liberty Valance 1962

Textes recueillis par Jean Jacques Sadoux – Janvier 2013

 

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