Le ciel peut attendre———–5 avril 2016

Le-ciel-peut-attendre-afficheErnst Lubitsch

1943

Gene Tierney
Don Ameche
Charles Cobrun

Durée : 112 min

Ernst Lubitsch (1892- 1947)

 

Heaven Can Wait est à Lubitsch ce que Le Carosse d’or est à Jean Renoir, une réflexion d’un artiste sur son œuvre et un aboutissement de cette œuvre. Oscillant avec une délicatesse rare, à l’intérieur d’une même scène ; entre l’émotion pudique, la satire farceuse et la chronique souriante d’une justesse qui sera inégalée, cette œuvre en dit plus long sur les rapports entre un homme et une femme que tous les pensums d’Antonioni dont se gargarisent nos intellectuels.

Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain, Nathan, 1991

Tourné dans des tons feutrés et délicats, loin de certaines des couleurs flamboyantes chères au Technicolor de l’époque, Le Ciel peut attendre est une nostalgique évocation d’une Amérique déjà anachronique … De l’utilisation de grands décors – une tradition des films allemands de Lubitsch – à celle des couleurs, du jeu sensible de Don Ameche …à la tendresse de Gene Tierney, tout révèle la perfection de cette  Lubitsch touch  qu’on donne – avec raison- en exemple… Ernst Lubitsch reconnaissait avoir été séduit par l’idée de décrire « une époque qui avait disparu, une époque où il était possible de vivre pour le simple bonheur de vivre. »

Patrick Brion, La comédie américaine, Editions de la Marinière, 1998

Une comédie de Lubitsch est d’abord un jeu avec le spectateur. Notre participation est essentielle à son cinéma de prestidigitateur. La Lubitsch touch n’est pas seulement la signature du magicien. C’est d’abord un sourire par lequel il s’assure notre complicité… Il veut que nous ayons conscience, non seulement du spectacle, mais aussi de sa mise en scène…

Lubitsch n’a jamais prétendu édifier le monde, seulement le divertir. Il veut nous séduire, et tous les moyens sont bons, y compris de nous tirer par la manche…

Michael Henry Wilson, A la porte du paradis, Armand Colin 2014

 

Quelques définitions de la Lubitsch touch

« Une tristesse poignante qui vient en contrepoint des moments les plus gais d’un film » (Andrew Sarris, historien du cinéma)

« C’était l’utilisation élégante de la plaisanterie suprême. Vous aviez une plaisanterie, et vous étiez contents, et puis arrivait une plaisanterie encore plus énorme pour couronner le tout. La plaisanterie qu’on n’attendait pas. C’était cela la Lubitsch Touch » ( Billy Wilder, cinéaste)

Lubitsch vu par François Truffaut

Si vous me dites : « Je viens de voir un Lubitsch dans lequel il y avait un plan inutile », je vous traite de menteur. Ce cinéma-là, c’est le contraire du vague, de l’imprécis, de l’informulé, de l’incommunicable, il ne comporte aucun plan décoratif, rien qui soit là « pour faire bien » : non, du début à la fin, on est dans l’essentiel jusqu’au cou.

Sur le papier, un scénario de Lubitsch n’existe pas, il n’a aucun sens non plus après la projection, tout se passe pendant qu’on le regarde…

… Ce qui ne s’apprend ni ne s’achète c’est le charme et la malice, ah le charme malicieux de Lubitsch, voilà qui faisait de lui vraiment un prince.

 

François Truffaut, Les Films de Ma Vie, Flammarion, 1975

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *