L’assassin habite au 21 —- 1er Octobre 20:30

Affiche L'assassin habite au 21

Date de sortie initiale : 7 août 1942
Réalisateur : Henri-Georges Clouzot
Durée : 84 minutes
Décors : André Andrejew
Genres : Thriller, Mystère, Comédie

Avec :
Pierre Fresnay
Suzy Delair
Pierre Larquey
Noël Roquevert

L’assassin habite au 21 est un film français réalisé par Henri-Georges Clouzot, sorti sur les écrans en 1942. Il est inspiré du roman policier du même nom L’assassin habite au 21 de l’auteur belge Stanislas-André Steeman, publié en 1939.

Cluedo jubilatoire. Paris frissonne sous la menace d’un assassin insaisissable, crapuleux, qui laisse sur la dépouille de ses (nombreuses) victimes une petite carte de visite, ironique signature : Monsieur Durand. L’inspecteur Wens découvre que le coupable se cache parmi les clients de la pension Mimosas, au 21, avenue Junot… Un plateau de jeu (la pension), quelques pions colorés (ses habitants), et la partie de Cluedo peut commencer, à la fois sombre, malicieuse et jubilatoire. Le roman policier du Belge Stanislas-André Steeman s’ingénie à égarer le lecteur-détective de fausses pistes en chausse-trapes, jusqu’à la pirouette finale, ingénieuse et tordue. Si le procédé est classique, façon Agatha Christie, le résultat à l’écran l’est beaucoup moins : goguenard, l’auteur croquait quelques belles tranches d’humanité. Pour son premier film, Henri-Georges Clouzot adapte ce pessimisme ironique à son univers. Au passage, il prend quelques libertés avec le livre. Occupation oblige, l’assassin, qui habitait à Londres, déménage à Paris. Les héros du Dernier des six, précédente adaptation d’une oeuvre de Steeman, sont chargés de l’enquête : l’inspecteur Wens (Pierre Fresnay, magistral) et son enquiquineuse de petite amie, Mila Malou (l’irrésistible et pétulante Suzy Delair). Mais surtout, entre humour et cruauté, le jeu policier prend un étrange et dérisoire relief, une véritable profondeur psychologique. Un régal, qui annonce un chef-d’oeuvre à venir, Le Corbeau.
Cécile Mury

Henri-Georges Clouzot (1907-1977)
ClouzotHenriGeorges
« Le cinéma est une invention permanente. Le jour de son invention définitive sera aussi celui de sa mort.
Ce qui fait qu’un art ne meurt pas, c’est qu’un être soudain découvre une « place vide » et qu’il trouve un moyen de la combler. »

Cette phrase de Clouzot pourrait servir d’épitaphe à son cinéma. Clouzot a cessé de tourner à la naissance de la « Nouvelle vague »
Il avait déjà cessé de tourner de 1944 à 1947 par « jugement » du comité d’épuration.
Mais nous allons d’abord nous intéresser à ses débuts cinématographiques jusqu’à son premier long métrage « L’assassin habite au 21 », Puis à la période de l’occupation (« Le Corbeau ») et ses conséquences , et enfin à la période 1947-1977.(« Les Diaboliques »)

1.                             Généalogie

Vielle famille d’origine bourguignonne (clouzeau)
Libraire depuis 1836 éditeur puis imprimeur, famille de la Bourgeoisie Provinciale.
Naissance de  Henri Clouzot le 20 novembre 1907
L’oncle Henri  Clouzot était conservateur du musée Galliera. On prénomme Henri-Georges le jeune Henri pour éviter les confusions.

Georges, le père, est « valétudinaire, bourru et misanthrope » ainsi que grand bibliophile …

H-G Clouzot a très tôt le goût du théâtre. Il écrit une pièce de guignol à 6 ans.
Prix d’excellence, il est décrit comme un perfectionniste par ses amis d’enfance.

En 1922, Georges Clouzot fait faillite.
Henri-Georges est envoyé à Paris chez son oncle.  Famille très cultivée,  esthète, fréquentant Picasso. Découverte du cinéma à 15 ans.

Ecole navale dont il est renvoyé pour un problème d’œil.
Attaché parlementaire. Viré par Poincaré.

Rupture avec sa famille.

2.     1930 L’apprentissage

Sa petite amie comédienne Oléo lui présente René Dorin pour lequel il écrira des scènes de revue. Fréquentation du monde du spectacle (théâtres, cabarets …)
Pierre Lazareff, Joseph Kessel, Henri Jeanson, Pierre Brasseur, Dalio … ( qui le malmenait)
cocaïne, alcool.

Scenario de film avec Jeanson pour le chansonnier Mauricet et le preoducteur Osso.
Scénarii pour Osso en 1931-32. Un film (court) : La Terreur des Batignolles, à oublier.

Montée du parlant, naissance de l’industrie du cinéma, donc du cinéma américain, et allemand.

Place prépondérente en Europe de la société de production, l’UFA (Universum Film Allgemeine) et de la Tobis qui produira les quatre premiers films de René Clair.
Gabin tourne son premier film en Allemagne (Chacun sa chance), Madeleine Renaud, Arletty, Charles Vanel, Marcel Dalio, Pierre Blanchar ont également tourné en Allemagne.

Clouzot arrive en Allemagne en 1932, prêté par Osso à Rabinovitch pour superviser la version française de « La Chanson d’une nuit » d’ Anatol Litvak.
Il écrit son journal : « A Berlin j’ai eu peur, la manifestation du Lustgarten m’effraie. Cette foule veule, sans réaction propre. »
Il signe les dialogues de plusieurs versions françaises dont « Château de rêve » avec Danielle Darrieux, tous pour l’UFA.
Il apprend beaucoup de Murnau, de Fritz Lang « Le goût du clair-obscur, je le dois aux Allemands »

En 1932 il se fait attaquer par une bande de voyous alors qu’il accompagnait Kessel dans un reportage. Il en garde une cicatrice à la lèvre.
Il quitte Berlin en 1934.

Jouvet encourage Clouzot à persévérer dans l’écriture et le cinéma.
Il écrit des chansons dont « Jeu de massacre » pour Marianne Oswald qui sera un grand succès populaire.

A la demande de son ami Pierre Lazareff, il écrit les chansons de l’opérette « La belle histoire » , première production de Pierrot les Bretelles.

Mais la tuberculose l’oblige à aller dans un sanatorium, financé par tous ses amis. Il est persuadé qu’il va mourir, et écrit son testament. Il lit beaucoup. Il prend fait et cause pour le front populaire, mais son frère prétend qu’il a toujours été du côté du manche.
Il écrit dans son journal : « Je dois tout au sana. C’est là entre 35 et 38 que j’ai véritablement appris à lire, à écrire, que j’ai vu fonctionner les ressorts des autres et les miens en vivant en sursis. »

De retour à Paris en 1938, il signe l’adaptation du roman « Le Révolté » et y fait la connaissance de Suzy Delair qui deviendra sa compagne pendant 12 ans.

Ecriture du scénario de « Le monde tremblera » où il rencontre Eric Von Stroheim dont il revendiquera la noirceur.
Ecriture du « Duel » , réalisé par Pierre Fresnay qui lui apprend la rigueur. Clouzot devient un intime du couple Pierre Fresnay-Yvonne Printemps.

« Ce que Pierre Fresnay m’a apporté humainement est beaucoup plus important que ce qu’il m’a enseigné en tant qu’acteur … Il m’a appris un certain détachement vis-à-vis des milieux professionnels
C’est lui qui dans toute ma vie m’a le plus aidé»

Puis c’est la guerre.
En décembre 1940 la première pièce de Clouzot  « On prend les mêmes » est jouée au « Grand Guignol » avec Daniel Gelin dont c’est le premier rôle. Elle tiendra l’affiche pendant six mois.

3.     Les débuts

Au début de la guerre, les trois-quarts des films projetés en France provenaient de Berlin, de Munich et de Vienne. La distribution cinématographique française était presque totalement assurée par une filiale de l’U.F.A.,  l’ACE (Alliance cinématographique Européenne).
La firme allemande en profite pour imposer le 16 mm en remplacement du 17,5 mm aux producteurs d’actualité.
L’occupant a créé une maison de production parisienne, la Continental Films dirigée par  Alfred Greven.
Alfred Greven qui avait dirigé l’UFA allemande, connaissait la plupart des cinéastes et acteurs français qui avaient tourné en Allemagne dans les années 30. Il les a donc sollicités pour participer à ses nouvelles productions.

Greven apprécie les qualités professionnelles de Clouzot et lui propose de réaliser le scénario du deuxième film de la Continentale : « Le dernier des six » d’après un roman policier du Belge Stanislas-André Steeman, avec Pierre Fresnay dans le rôle du commissaire Wens, et Suzy Delair pour laquelle Clouzot a écrit un rôle sur mesure.
Le film a été un succès et Alfred Greven propose à Clouzot de diriger le service scenario de la Continentale.

« Greven m’a demandé ; « Est-ce que vous voulez entrer à la Continental au bureau des scénarios ? » Je lui ai dit non. A ce moment-là, je me disais : je veux rester libre. Or je n’ai pas eu une offre de producteur français et crevant littéralement de faim, je suis entré à la Continental »

Clouzot retravaille le scénario de « La Main du diable » écrit par Jean-Paul Le Chanois pour le rendre plus « percutant ». Jean Paul Lechanois présente Jean Devaivre , un jeune assistant réalisateur à Maurice Tourneur le réalisateur. Jean Devaivre élimine les trois-quarts des dialogues de Clouzot  et les rapproche du texte de Lechanois.

Clouzot prend ensuite lui-même en charge la rédaction du scénario des « Inconnus dans la maison »
d’après le roman de Georges Simenon.

« C’est ce film qui m’a décidé à faire de la mise en scène. Non pas que Decoin ait trahi en quoi que ce soit le scénario, mais je me suis aperçu qu’il n’avait rien ajouté. Je n’avais peut-être pas su mettre sur le papier ce que je souhaitais voir à l’écran et je me suis dit que l’essentiel n’était pas sur le papier justement. »  

4.     L’assassin habite au 21

Le succès du « Dernier des six » incite Greven à produire une suite  aux aventures du commissaire Wens et de sa compagne Mila-Malou.
Le Directeur de la Continental accepte d’en confier la réalisation à son chef scénariste.
Clouzot propose à Stanislas-André Steeman, l’auteur de « L’assassin habite au 21 » de collaborer à la réalisation.
Le 4 mai 1942, Clouzot pénètre pour la première fois sur un plateau en tant que metteur en scène de long métrage
C’est ce premier jour, sur ce premier plateau à diriger que Clouzot s’est révélé à lui-même : si la réalisation est une affaire d’équipe, un cinéaste est avant tout un meneur d’hommes..

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